Psychothérapies et perspectives de recherche-4
Louis COSTE PSYCHOTHERAPEUTE Argenteuil Ermont (Val d'Oise - 95)
Remboursement coopératif des psychothérapies
Mes commentaires adressés à La Recherche n° 403, à propos de l'entretien avec Tobie Nathan: « Le thérapeute doit négocier avec l'invisible »
Merci à Tobie Nathan de rappeler l'apport indispensable des cultures universelles aux psychothérapies occidentales. Néanmoins, il me semble que le débat doit être déplacé aujourd'hui davantage du côté du « visible » des réalités sociales et du vide en matière de remboursement des psychothérapies aux personnes économiquement fragilisées, dont une grande part de migrants. Puisque le consensus sur la nécessité et l'efficacité des psychothérapies verbales est fait, pourquoi ne pas réhabiliter aussi nos 'guérisseurs-psychothérapeutes' (toutes disciplines et formations sérieuses confondues)? Par extension, puisque les institutions en place ne peuvent prendre en charge gratuitement toutes les personnes atteintes de souffrances psychiques, il convient alors de responsabiliser chaque candidat potentiel à la psychothérapie. Il conviendrait de mettre rapidement en place un système coopératif de financement des psychothérapies de manière à renforcer les liens sociaux, et cesser de créer des dissensions entre les professions du soin psychique.
Grande victoire politique, ce week-end, pour Barack Obama. Son plan de réforme de l'assurance-maladie a été adopté par la Chambre des représentants(...) Le texte vise à permettre à 36 millions d'Américains, dépourvus de protection sociale, de bénéficier d'une couverture santé. Au total, 96 % de la population des Etats-Unis auraient alors une assurance-maladie. Cette généralisation de la couverture médicale passe par la création d'une « option publique », qui concurrencerait les assureurs privés, et par l'instauration des « co-ops », coopératives d'usagers partageant les frais de santé sans but lucratif. Source: Damienne Gallion, Egora, lundi 09 novembre 2009
Libre livre
Libre livre, vivre libre, ... Il existe des mots banals qui lorsqu’on essaie d’en scruter le sens deviennent surprenants. Il en est ainsi du mot « livre » par exemple. Les proximités étymologiques de livre et de libre se croisent. Le livre a souvent été rouleau et ne permettait pas d’accéder facilement au textes choisis.
Notons que le rouleau est constitué de la moelle du roseau papyrus qui n’était pas broyée mais émincée puis accolée par martelage, bande après bande. Sans doute faut-il voir dans le respect de l’intégrité de la moelle du papyrus une force mythique à l’œuvre servant de fondement aux colonnes qui supportent les temples égyptiens, tout comme la moelle sert de terreau primordial au scribe qui la féconde de l’inscription. La déesse-cobra, -comparable par analogie à la fois au rouleau et tendue comme le roseau-, pouvait sans doute véhiculer cette force au front du pharaon selon des aspects de fougue (souffle enflammé) ou de protection (déesse-vautour Nekhbet).
C’est depuis la Chine, que l’idée du broyage des végétaux nous parvient. Cette conception est sans doute fondée sur la notion de microcosme et de macrocosme : l’unité minimale renferme l’univers. Cette fois la plante est détruite de manière à n'en conserver que la substance utilisable: la fibre végétale. Elle se déposera dans les moules rectangulaires. Le papier est né.
Il aura donc fallu attendre l’utilisation du parchemin animal, puis surtout la fabrication du papier en particules végétales pour considérer que le temps de l’écriture et de la lecture sont segmentables et permettent ainsi de mieux voyager dans l’espace et le temps du récit.
Les libres feuillets sont organisés en livre, lequel devient à son tour ensemble d’unités (titres, paragraphes, chapitres…) Supports matériel et scriptural organisent une seconde culture, une seconde nature qui libère l'humain.
'Liber' est ainsi l’esclave enfin libre, à force de fougue et de protection. "L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant", nous transmet Pascal.
Cette brève plongée au cœur des origines du papier et du livre révèle ce qui constitue un savoir toujours profondément à l’œuvre en chacun de nous.
Je demande souvent aux patients d’écrire leur livre. La fonction du journal intime est primordiale pour se livrer, se délivrer et enfin se libérer. Les feuillets ponctuent le temps d’une thérapie qui s’écoule au rythme du scripteur qui devient lecteur, qui redevient scripteur... C’est l’articulation de telles architectures personnelle, historique et sociale qui façonne la mémoire et sûrement la guérison.
Histoire de proxénète
" Une jeune femme va voir un gentil proxénète. A la suite d'un bref entretien, de face et de dos, il lui dit qu'elle a toutes ses chances, qu'elle a eu raison de le contacter pour un emploi car l'entreprise est florissante puisqu'elle est encore très innovante en matière d'Exploitation des Ressources Humaines sur un marché porteur qui embauche et débauche à la fois.
Comme il pressent que la jeune femme a des prétentions et fait la moue, il s'empresse d'ajouter: " A votre place, je sauterais sur l'occasion car la concurrence gagne du terrain.""
(Morale de l'histoire: Les brèves qui circulent sont un indicateur de l'état réel de la perversion sociale)
Traitement EMDR d’une phobie complexe de conduite sur autoroute
valeur des rêves, rêves éveillés et métaphores dans le traitement EMDR
Exposé lors du 8è colloque européen en EMDR, 15-16-17 juin 2007, Paris
Voici le résumé du traitement d’une phobie complexe développée depuis 1 an par un homme de 35 ans dont les premiers symptômes de fragilité remontent à l’adolescence faisant suite à la séparation parentale.
A cette époque, les malaises du patient prenaient des formes diverses sans déclencher de phobie insurmontable. Par ailleurs, M.G. ne souffre pas d’angoisses déclarées dans d’autres lieux ni dans d’autres véhicules de transport.
Un traitement par médicaments est suivi depuis 5 mois, sans succès.
Le traitement Emdr s’est déroulé sur une période de 3 mois.
9 séances Emdr en tout ont eu lieu.
L’originalité de l’intervention est d’avoir tenu compte à l’occasion du bilan avant chaque nouvelle séance:
- du contenu des rêves classiquement utilisés en psychanalyse ;
- de l’évolution des métaphores du lieu sûr au cours du traitement ;
- d’une libre expression du patient après les stimulation bilatérales alternées, pouvant évoluer en rêve éveillé, sans retour systématique à la cible lorsque l’arborescence s’en éloigne.
Ces trois outils s’avèrent d’excellents outils pour juger de l’avancée de la thérapie, en ce sens qu’ils constituent un fond inconscient idéal pour le prélèvement des cognitions négatives tout au long de la thérapie.
Ce fond inconscient est à rapprocher par le thérapeute des cognitions citées par le patient, puis discuté avec thérapeute de manière à obtenir le champ de cognitions futures les plus adéquates.
M.G. a continué à vivre et à exercer professionnellement dans un milieu cosmopolite.
Il a rencontré sa compagne écossaise il y a 8 ans en Espagne, et y ont vécu 4 ans. M.G. vit depuis 4 ans en France, son lieu de naissance.
Exerçant dans le milieu pharmaceutique, il est très souvent amené à se déplacer à l’étranger.
Or, depuis son installation, M. G. se plaint de phobie de l’autoroute. Cela a commencé la première fois quand il s’apprêtait à se rendre en voiture de Londres à Marseille.
Mais arrivé à Montpellier, une peur panique le paralyse. Il ne peut plus rouler. Sa fille qui a trois ans se trouve à l’arrière de la voiture. Il se dit : « Ma fille va mourir ! ».
M.G. est le troisième enfant, deux sœurs le précédent. Un avortement suit la naissance de M.G. et c’est ensuite que ses parents ont divorcé.
Il y a un an, M.G. a également rencontré une femme qui avait des angoisses de tunnel.
Le premier traitement étant urgent, il s’agit de cibler prioritairement la situation qui déclenche la panique.
Les cognitions évolueront de la survie jusqu’à l’estime de soi et se termineront par la possibilité de choix.
- Au terme de 9 séances Emdr, et de trois mois de traitement, M.G. circule librement sur les autoroutes. Consécutivement, il a fait le deuil de son père et ressent dorénavant le besoin de protéger sa mère.
Treatment of a complex driving-car phobia on the expressway
Value of dreams, awaken dreams and metaphors trough the EMDR treatment
Exposed during the 8th EMDR European Conference, Paris 2007, june 15-16-17
Here is the summary of the treatment of a complex phobia developed since 1 year by a 35 years old man whose past brittleness symptoms, considered as a continuation of the parental separation, first appeared near the adolescence.
In fact, around this period, the malaises of the patient took various forms without releasing insurmountable fears.
Mr.G. is the third child, two sisters are preceding him. An abortion followed the birth of Mr.G. A few months after that event the parents divorced.
Mr.G. is living and working in a pharmaceutical and cosmopolitan environment. He met his scotish girlfriend 8 years ago in Spain, where they lived 4 years. Mr.G. lives since 4 years in France, his birthplace. He his frequently travelling abroad. A year ago, Mr.G. mets a woman that had tunnel anguishes too.
Now, since his installation, Mr. G. complains about phobia on the expressway.
That began for the first time when he prepared himself to go by car from London to Marseilles. But arriving to Montpellier, a fear panic paralyzes him. He could not drive any more. His three years old girl sitted down in the rear seat. And he said: "My girl will die!".
Besides, Mr.G. does not suffer from declared anguishes in other places or in other vehicles.
A treatment by medicines is followed since 5 months, unsuccessfully.
My interventions have been held, before new each session, taking into account the following originality:
- the content of dreams, refering to the psychoanalytic models;
- metaphors evolution through the “sure place” during the treatment;
- the free expression of the patient after the bilateral alternated stimulations, being able to evolve through awaken dreams, without systematic return to the target when the cognition-arborescence deviates lightly.
These three tools are excellent to prove and judge advances in therapy, because they constitute an ideal unconscious bottom to find the negative data cognitions throughout therapy. This unconscious bottom revealed by the therapist is compared with the cognitions quoted by the patient, then discussed in order to obtain in the field of future cognitions, the most adequate ones.
The first treatment being urgent, it is a matter to target priority the situation that releases the panic. The cognitions will evolve logically from the “one’s self esteem” to “the possibilities of choice”.
- At the end of 9 Emdr-sessions, and three months of treatment, Mr.G. drives freely on the expressways. Consecutively, he did “the mourning” of his father and feels from that time the need to protect his mother.
Prendre de la drogue simplement pour recouvrer son état normal !
Alerte !
Considérant les 15 dernières années d'exercice, je constate une évolution grandissante de troubles psychiques menaçant l'intégrité du Moi, tant chez l'enfant que chez l'adulte, due entre autres:
- à l'augmentation du nombre de consultations provenant de familles monoparentales;
- à la fragilité des valeurs à résonance sociale;
- au développement d'un individualisme de rejet de l'autre;
- à l'accroissement de phobies légères et devenant invalidantes;
- à l'explosion de la variété des troubles narcissiques (non résorbés dans l'adolescence);
- à l'augmentation de troubles liées aux grands espaces artificiels (centres commerciaux, autoroutes,...)
- à la persistance de pathologies liées aux troubles alimentaires;
- à l'augmentation des consultations à l'issue d'interventions chirurgicales;
- à l'injonction faite au soin psychique d'être efficace dans l'immédiat sans investissement personnel au plan comportemental, alors que les demandes portent sur la synchronisation entre soi et l'autre;
- aux scénarii artificiels (films virtuels, jeux vidéos,...) qui prennent le pas sur la capacité de l'individu à mettre à profit son imaginaire;
- au temps d'exposition aux flux d'information ultra-rapides, lesquels entravent le temps nécessaire d'assimilation et d'individuation;
- à l'augmentation d'une demande d'efficacité ponctuelle (corps vu en pièces détachées et remplaçables, demande à peine déguisée d'effacement des mauvais souvenirs...
Dans tous les cas, la personne a le sentiment de ne plus se sentir exister parce qu'elle ne ressent plus sa place. Même lorsque les individus sont équilibrés sur le plan professionnel, on se rend compte, en consultation, qu'une phobie sociale chronique et diffuse s'insinue dans les comportements.
Il semble qu'il faille considérer, d'un côté l'existence d'individus qui résistent à une 'normalité' évolutionnelle et, d'un autre côté ceux qui tout en développant une pathologie psychique, reviennent au cours normal de la vie. Mais il existe aussi de plus en plus d'individus qui ne peuvent se rétablir dans un cycle 'normal de la vie' et pour qui, paradoxalement, 'l'état normal' est devenu hors de portée: "L'individu agit alors (en prenant de la drogue) non pas pour se retrouver 'mieux dans son état normal', mais pour se rapprocher de son état normal."(Cécile Klinger, LA RECHERCHE, 33, 417, Mars 2008)Louis COSTE, psychothérapeute,Argenteuil,Ermont (Val d'Oise-95)
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