Psychothérapies et perspectives de recherche-7
Louis COSTE PSYCHOTHERAPEUTE Ermont (Val d'Oise - 95)
Interdit de l'inceste ou bébés OGM ?
Interdit de l'inceste ou bébés OGM ?Interrogeons-nous sur le sens de la tragédie comme étant le surgissement d’une transgression faite à un ordre établi.
Soit la tragédie correspond à la perturbation nécessaire et inévitable d’un ordre, et dans ce cas elle a une fonction purificatrice de rééquilibrage des tensions entre le cosmos divin et l’Homme1 ; soit elle symbolise réellement le seuil infranchissable des lois biologiques.
Une tragédie nécessaire, parce que nous ne connaîtrons jamais avec certitude la validité de nos fondements culturels. La communication des connaissances relativise et réorganise les valeurs universelles. Il faut admettre a priori que les entorses faites à la loi, précisent et réajustent notre rapport à la connaissance. Et une tragédie inévitable, à cause de la loi du désir qui gère les relations humaines.
À « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » de Paul VALÉRY2, une déferlante sans précédant déplace et balaye les valeurs les plus inébranlables héritées de l’histoire. S’agit-il encore de formes de tékhné ou de logos, c'est-à-dire de techniques issues de l’art et de la pensée humaine ? Car une forme de minéralité accompagnée de ses métamorphoses électroniques a supplanté l’ordre biologique.
Cette révolution installe la suprématie de formes de logiques algorithmiques destinées à réparer des pans de réalités fantasmées qui se dérobent aussi vite qu’elles ont été érigées. Des surfaces chatoyantes de possibilités fascinantes remplacent dans l’urgence la solidité des fondements biologiques. De nouvelles réalités s’imposent même si chacun pressent leur fragilité ... au risque de la destruction du biologique.
C’est pourquoi la tragédie alerte, défend et stabilise la vie organique. Ainsi, l’interdit de l’inceste contrevient au désir mais garantit la survie de l’humanité. Aujourd'hui encore, le risque ne consiste pas à élever en plusieurs étapes à l’aide des parents différents un enfant issu d’une GPA (Grossesse Pour Autrui), mais à penser une société où l’enfant puisse vivre en harmonie avec d’autres enfants et d’autres adultes qui s’interrogent sur leurs statuts sociaux, et privilégient une infinité de modes de vie. Or, aux règles promulguées pour une majorité, semblent succéder des règles échafaudées au cas par cas. La loi du plus fort consiste à pousser toujours plus loin son désir de liberté fantasmée soutenu par l’expérimentation technique. La raison en est que la sphère de liberté individuelle doit être la plus ample, dès lors que la technique le permet.
Si Œdipe ne peut maîtriser le cours de son destin, comment « l’embryon surnuméraire », objet de recherches en laboratoire, devenant enfant, inscrira-t-il son passage au sein de l’humanité ? Il aura eu plusieurs pères et mères issus du monde médical. Ce sont des parents qui auront présidé à son éclosion et auront assuré un rôle de transmission aux parents-éducateurs qui prendront la relève. Tel sera le passage obligatoire d'une mise au monde que la médicalisation aura déifié à son tour. Le système algorithmique supplante l’ordre naturel pour assurer la gestion des corps et des esprits. Un vaste présent envahit l’espace humain et rompt l’ordonnance temporelle.
En 1982, naît Amandine, premier bébé français, après une fécondation in vitro. L’individu cesse à cet instant d’être de droit divin, un peu plus de deux siècles après la Terreur. Dorénavant, est autorisée toute technique permettant la procréation en dehors du processus naturel. Le bébé-éprouvette est déjà assimilable à un OGM. Ce qui nous permet d’émettre un doute quant à la cohérence d’une loi portant sur le statut des embryons surnuméraires (qui ne font justement plus l’objet d’un projet parental). Quel sera paradoxalement le statut social de ces embryons à leur naissance ?
Idem du statut d’un enfant adopté par un couple féminin, et obtenu à l’étranger par procréation sous la forme d’un insémination artificielle avec donneur anonyme. Quel recul sociologique avons-nous pour garantir que l’intérêt psychique à venir de l’enfant soit sauf ?
A contrario, et toujours dans la lancée d’une perturbation tragique de l’ordre naturel, pourquoi interdire une PMA (Procréation Médicale Assistée) aux couples de même sexe ? Que semble craindre le législateur ? Une confusion, un chaos psychique dans la Cité ?
Enfin, qui peut évaluer ce qu’il en est du droit de l’enfant, de « son intérêt supérieur », lorsque l'enfant est issu d’un transfert in utero d’un embryon conservé après le décès de l’un des parents ? L’enfant a-t-il le droit d’exister ou doit-il subir le choix de l’un des parents de l’avoir fait naître ?
Par conséquent, quel crédit peut-on accorder à la loi morale quant la technologie s’ingénie à mettre en place des formes de réalité fascinantes ?
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1 Du grec τ ρ α γ ω δ ι ́ α « chant du bouc », c'est-à-dire chant religieux dont on accompagnait le sacrifice d'un bouc aux fêtes de Bacchus.
2 (1871-1945), La Crise de l’esprit, 1919
On vient d'apprendre que le disque compact ne sera plus produit.Il aura vécu 37 ans. Comparativement à la durée du disque plat, qui se transforma ensuite en disque noir, la période a été de 123 ans.
Toutes les données qui ont été gravées seront sans doute archivées sur des supports toujours plus performants. Pourtant, QUI a les moyens financiers et temporels de réenregistrer ses mémoires selon des cycles toujours plus courts ?
Que deviennent alors nos mémoires personnelles inscrites dans les prothèses quand les prothèses vous abandonnent ? En fait, nous assistons aux prémices fantasmées de l'homme dit "augmenté". Sa, ses mémoires biologiques sont relayés par des dispositifs électroniques plus performants au plan du calcul, puis ces dispositifs vous sont ravis sans que vous ayez pu vous y préparer. On pourra vous rétorquer, que de même que "nul n'est sensé ignorer la loi", la personne doit aussi savoir "mettre à jour" régulièrement ses mémoires .
Il existe d'innombrables expressions qui sont de l'ordre de la fiction (n'étant pas fondées sur le calcul), et qui pourtant sont utilisées au quotidien comme si elles étaient bien réelles. Bien évidemment, aucun juriste ne connaît l'entièreté des articles de loi, de même que le soleil ne s'est jamais levé le matin, ou que le statut sémantique précis du "IL" dans "Il fait beau", laisse à désirer.
Sans doute sommes nous faits pour vivre dans un flou organisé, et que dans ce cas la dispersion des mémoires électroniques ne change rien à notre condition humaine. De toute façon, nous le savons, les traces mémorielles biologiques aussi sont fragiles, se détériorent et se transforment dans le temps.
Néanmoins, la grande différence avec la prothèse mémorielle porte sur notre capacité à choisir. Choisir dès à présent le type de mémoire que nous souhaitons nous forger afin de pouvoir agir sans discontinuer tout au long de la vie.
Toute la mémoire du monde, film d'Alain Resnais, 1956.
Les casse-têtes sont une écoles de psychologie !
En effet, contrairement aux apparences, les casse-têtes ne sont pas de simples amusements. Vous pouvez trouver les clés qui vous tireront de multiples situations embarrassantes (et sans vous en rendre compte), si vous vous entraînez régulièrement à résoudre des énigmes très proches de celles que vous rencontrerez dans la vie courante.
Car le casse-tête modèle votre cerveau !
Voici un casse-tête auquel il faut s'entraîner pour ressentir et comprendre comment on entre dans la perversion (tant du côté de la victime que du harceleur) et comment s'en sortir, en revivant le processus en sens inverse.
Le simple affront, l'estocade (en termes d'escrime), ne suffisent pas à qualifier l'acte pervers. Il faut "ferrer", comme on dit en termes de pêche, de manière à ce que que l'ardillon (petite pointe qui prolonge en arrière la pointe de la courbe) empêche le poisson de se décrocher. C'est bien cela qu'il faut comprendre quand on évoque l'"hameçonnage". N'en déplaise aux pêcheurs !
Puisque toute personne qui se sent enfermée aura envie de s'échapper, il faut donc définitivement la dissuader de cette possibilité.
Le casse-tête dont il est question est constitué d'une hampe avec une encoche à travers laquelle peuvent passer au choix, l'une des deux rondelles mais non l'une ou l'autre des boules.
1. La première étape est simple: appâter > proposer > faire essayer (toucher, goût, odorat, ouïe, vue, croyance)
2. Faire passer un anneau autour d'une boule constitue un acte de prédation. On y perçoit encore les relents d'une dévoration archaïque à l'œuvre. La symbolique de l'anneau est importante: pensez à: "cerner" (du latin circinare "parcourir en formant un cercle"). Observez par exemple l'enfant, lorsqu'il fait de grandes circonvolutions en courant autour d'un groupe ou d'un personne pour les rendre prisonniers du territoire imaginaire qu'il vient de tracer.
3. Faire coulisser l'anneau le long de la hampe, vers le bas. A ce stade, la personne peut encore se libérer, relever la tête, s'extirper du piège.
4. Passer la rondelle à travers la hampe. A ce moment, la rondelle a valeur d'ardillon (s'il s'agissait d'un hameçon. "hard", fils tordus selon l'étymologie). Même si la boule monte, la montée est limitée par la dimension de la corde qui maintient la rondelle.
5. L'anneau peut, dorénavant, continuer à descendre, le long de la hampe.
6. La rondelle traverse dans l'autre sens la hampe et libère le passage de l'anneau.
7. Enfin, l'anneau réitère la première prédation en entourant la boule. Il descend sans entrave le long de la hampe. La rondelle peut au besoin la traverser.
8. Le piège est définitivement scellé.
9. N'oubliez pas de refaire le parcours en sens inverse !Et encore, à propos de perversion, connaissez-vous la souffrance animale ?
"Rien ne se perd ici, expliqua le guide, on utilise tout dans le cochon, sauf son cri." Upton SINCLAIR, La Jungle, Le Livre de Poche, 2011
Extrait rapporté par Matthieu RICARD
dans Plaidoyer pour les animaux,
Pocket, 2015, p.114
Avez-vous remarqué comment les injonctions de protection générales ressemblent aux grilles d'arbres en fonte destinées à préserver le système racinaire et à faciliter le déplacement des passants.
Apparemment, la Civilisation semble faire amende honorable, s'excuse de devoir condamner les individus à une forme de claustration qui risque de les atrophier (à dessein ?) dans leur développement. Certes, Elle se doit de faciliter la circulation de tous au détriment des inspirations de chacun.
Pourtant, il y a bien longtemps que les arbres en question ne poussent plus réellement sur les lieux de promenade du dimanche. Les vrais enjeux du développement humain ont évolué hors-sol ou encore, hors-soi. Temps, espace, ambiance, sont subrepticement et théoriquement devenus des possibles.
Du palpable au possible, la culture simple s'est muée en jungle à l'intérieur de laquelle, réel, imaginaire et symbolique, sont devenus des concepts aux valeurs fluctuantes et fugitives. On rétorquera que la gestation des possibles est aussi une réalité. Observons les faits: à titre d'exemple, nous n'avons jamais assisté à autant de déballage pornographique sur les écrans, ce qui est la conséquence d'un courant auto-érotique ainsi qu'une insulte faite à l'enfant et à la femme. Dans le possible, temps, espace et ambiance se confondent autant que les sexes et leurs âges.
Une paranoïa sociétale se développe donc et se coupe de l'être nostalgique précédemment aimé à jamais irremplaçable. Pression exacerbée de la menace venant de l'extérieur sans que l'individu, de plus en plus isolé, puisse y faire face. Ce qui devrait être ressenti intérieurement comme de l'amour est perçu extérieurement comme sommation, intimidation, chantage. De quelle manière l'individu peut-il encore se représenter dans son affection, sa sympathie, ses affinités, son respect, ses projets, quand la menace et l'urgence l'envahissent du dehors ?
L'intérieur du Moi se retourne alors comme un gant, expose à vif sa fragilité intime, s'expose à ce que les autres savent sur lui, à ce qu'ils lui font, et que le Moi ignore... ce qui est impossible à admettre.
Nous pouvons résumer les textes les plus anciens (IVe siècle de notre ère) qu’il nous reste du bouddhisme, comme une essence de la méthode de méditation qui se présente comme un tâtonnement pas à pas et par alternance, de l’intégration progressive des affirmations et des négations ou encore de tous les contraires, et de toutes les contradictions au sein des activités quotidiennes.
Cette méthode doit amener le pratiquant à faire surgir en lui le jaillissement de la Vérité Ultime. Cette dernière pouvant être à son tour considérée également comme une illusion.(Lire la suite ...
Louis COSTE, psychothérapeute,Argenteuil,Ermont (Val d'Oise-95)
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